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ESBLY À CRÉCY-LA-CHAPELLE

MONTRY-CONDÉ • DEUX ACCIDENTS DU TRAVAIL SUR LE CHANTIER DE CONSTRUCTION (1900)

MONTRY-CONDÉ • HALTE
MONTRY-CONDÉ • HALTE
HALTE DE MONTRY-CONDÉ
LIGNE 071 ESBLY - CRÉCY-LA-CHAPELLE • PK 2 • PN 4
17/11/2023 • 11:19 • MONTRY (77) • 48.890776, 2.826374
ACCIDENT DU 24 SEPTEMBRE 1900 ⭐

COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE L’EST

EXTRAIT DU RAPPORT
de M. M***, chef de district, du 25 septembre 1900.

Ligne d’Esbly à Crécy-la-Chapelle

Entreprise Allard

Le 24 Septembre 1900 à 3 heures du soir, au piquet 59, le nommé F***, Henri, né le 27 janvier 1862 à Aubin (Aveyron) (Marié, 3 enfants) chef de chantier de l’entreprise Allard, a été blessé dans les circonstances suivantes :

Il a reçu un coup de pioche d’un ouvrier à qui il faisait une observation.

Le médecin de l’entreprise a constaté une contusion de la région dorsale gauche pour laquelle il lui a été donné un mois d’exemption de travail.

L’entreprise a fait les déclarations prescrites par la loi du 9 avril 1898.

Le chef de district
Signé : M***.
Copie conforme transmise à Monsieur A***,
Ingénieur du Contrôle pour l’en informer.
Esbly, le 26 septembre 1900.
Le chef de section.

ACCIDENT MORTEL DU 28 DÉCEMBRE 1900 ⭐

COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE L’EST

EXTRAIT DU RAPPORT
de M. K***, chef de district, du 29 décembre 1900.

Ligne d’Esbly à Crécy-la-Chapelle

Entreprise Allard

Le 28 décembre 1900, à 11 heures du matin, au P. 12, le nommé B***, Basile, né le 17 avril 1881 à Parthenay (Deux-Sèvres) (Célibataire) terrassier de l’entreprise Allard a été blessé dans les circonstances suivantes :

Occupé au chargement de terre sur un wagon il a été enseveli sous un éboulement survenu derrière lui.

Le médecin de l’entreprise ayant constaté un écrasement du corps, une fracture du bras droit, des plaies de la face et des lésions internes l’a envoyé à l’hôpital de Meaux et lui a accordé 2 mois d’exemption de travail, si il y a guérison.

L’entreprise a fait les déclarations prescrites par la loi du 9 avril 1898.

Le chef de district Signé : K***.
Copie conforme transmise à Monsieur A***,
Ingénieur du Contrôle pour l’en informer.
Esbly, le 29 décembre 1900.
Pour le chef de section en congé.
Le sous-chef de section.


PONTS ET CHAUSSÉES
ET
CHEMINS VICINAUX

DÉPARTEMENT DE
SEINE-ET-MARNE

ARRONDISSEMENT DE
COULOMMIERS

Ligne d’Esbly à Coulommiers

Accident B***

Coulommiers, le 5 janvier 1901

RAPPORT DE L’INGÉNIEUR ORDINAIRE

Le 28 décembre 1900, à 10 heures 3/4 du matin un éboulement s’est produit au point 1260 de la section d’Esbly à Crécy en construction au lieu dit « Les Champs Forts ». Cet éboulement a enseveli le terrassier B*** Basile ; cet ouvrier a été immédiatement dégagé et le médecin de l’entreprise ayant constaté un écrasement du corps, une fracture du bras droit, des plaies de la face et des lésions internes l’a envoyé à l’hôpital de Meaux où il est mort le lendemain, 29 décembre 1900, sans avoir repris connaissance.

L’entreprise a fait les déclarations prescrites par la loi et le sous-chef de section de la Compagnie de l’Est nous a prévenu de l’accident et de ses suites par lettres des 29 et 31 décembre.

Nous nous sommes rendu sur les lieux le 2 janvier 1901 où nous avons procédé à une enquête de concert avec M. le Juge de Paix de Crécy qui procédait à l’enquête prescrite par la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail.

Nous avons assisté aux dépositions et nous avons interrogé nous même : R*** Auguste chef de chantier et les terrassiers : S*** Jean, M*** Jean et Ba*** Joseph qui avec B*** formaient l’équipe de chargement d’un wagon au moment de l’accident. Nous avons entendu également M. Bl*** le représentant de l’entreprise Allard et M. K*** le chef de district de la Compagnie de l’Est.

Malheureusement l’éboulement avait été enlevé les ouvriers avaient continué à travailler à l’endroit même de l’éboulement et nous n’avons pu, par suite, nous rendre un compte exact de ce qui s’était produit ; nous ne pouvons tirer, des dépositions faites et de l’examen des lieux, que des probabilités.

Ce déblaiement hâtif aurait pu faire craindre soit de la malveillance soit une faute de l’entreprise. Le chef de chantier a déclaré qu’il s’était occupé avant tout des soins à donner au blessé sans songer à donner aux autres ouvriers l’ordre de respecter l’état de l’éboulement, Les ouvriers, de leur côté, déclarent qu’aucun ordre ne leur a été donné et que c’est d’eux-mêmes qu’ils ont opéré le déblaiement à la reprise du chantier ; tout ceci est plausible.

La tranchée, où cet éboulement s’est produit, a quatre mètres environ de profondeur, elle est ouverte complètement et talutée sur le côté gauche, on achève de l’élargir et de la taluter sur la partie droite. Au moment de l’accident, le front d’attaque était à peu près vertical et présentait un redan de 60 à 80 centimètres à 1,50 environ du fond de la tranchée. L’équipe de quatre hommes dont faisait partie B***, chargeait un wagon et se trouvait être la dernière du côté d’Esbly. Deux des chargeurs S*** et Ba*** étaient sur le redan, les deux autres, M*** et B***, au bas de la tranchée, B*** se trouvait être le dernier chargeur du côté d’Esbly, S*** et Ba*** étant au-dessus et entre M*** et B***. Le décollement s’est produit en arrière de Ba***, au droit de B*** sur environ 1,50 de largeur, 0,40 de profondeur et sur presque toute la hauteur de la tranchée, la banquette elle même a été entraînée. Ba*** a été renversé et B*** enseveli par les terres qui l’on atteint au moment où il était baissé pour prendre une pelletée de terre.

Le terrain dans lequel la tranchée est ouverte est argileux et sableux, c’est ce que l’on nomme dans la pays « la terre forte ». Dans ce terrain là on peut admettre un parement vertical sur une hauteur de 2 à 3 mètres pour un travail provisoire tel que l’ouverture d’une tranchée. La cunette de la dite tranchée avait été ouverte sur toute la hauteur, c’est-à-dire 4 mètres en parois verticales sans étais et sans aucun éboulement. Ce qui montre bien que la nature du terrain ne permettait pas de prévoir l’accident. Les déblais étaient faits par abattage, les ouvriers montaient sur le terrain naturel au-dessus de la tranchée, soit avec des pics, soit avec des pinces, ils détachaient une masse de terre de quelques mètres cubes et la précipitaient au bas de la tranchée, ils descendaient ensuite tous les quatre pour charger le wagon. Ils enlevaient, en chargeant, toute la terre meuble et rendaient de nouveau le talus vertical en piochant le bas du front d’attaque. Interrogés séparément, les trois survivants ont déclaré qu’ils n’avaient jamais fait d’excavation au bas du front d’abattage pour faciliter le détachement de la partie haute et que le chef de chantier leur avait toujours recommandé la plus grande prudence.

Au moment de l’examen des lieux, nous avons fait dégarnir le front d’abattage à l’endroit où s’est produit l’accident et nous avons constaté que le terrain était compact sans aucun plan de glissement.

Au moment de l’accident, les équipes se déplaçaient dans le sens Crécy Esbly et l’équipe où a eu lieu l’accident étaient la dernière du côté Esbly, le talus éboulé n’avait dons pas été touché depuis vingt-quatre heures au moins et il est possible que les pluies de la nuit précédente aient pu miner une partie de talus il peut se faire aussi qu’en abattant la partie de talus immédiatement à côté quelques instants avant l’accident les ouvriers aient ébranlé cette partie de terrain. Ils avaient bien la précaution, disent-ils, de vérifier, après l’abattage si les parties voisines étaient bien intactes mais ils peuvent avoir eu un moment de distraction et avoir négligé cette mesure de précaution.

En somme, la cause de l’accident ne ressort pas très nettement de l’enquête à laquelle nous avons procédé nous ne pensons pas qu’il soit possible de la déterminer nettement avec les éléments d’information que nous possédons, mais nous estimons cependant que l’on peut admettre qu’il y a là un accident fortuit, déjouant les prévisions humaines, provenant du fait même des travaux ayant tout à fait les caractères d’un risque professionnel.

En conséquence, nous sommes d’avis qu’il n’y a aucune suite administrative à donner à l’accident survenu le 28 décembre 1900, sur la section en construction d’Esbly à Crécy et ayant entraîné la mort du terrassier B*** Basile.

En exécution de l’article 13 de la loi du 9 avril 1898, une copie du présent rapport a été adressée à M. le Juge de Paix du canton de Crécy.

L’ingénieur Ordinaire
Vu et adopté
L’Ingénieur en Chef.

RÉFÉRENCE