Le Canal de Castille (1753-1849) est l'un des ouvrages les plus emblématiques de la Confédération hydrographique du Duero et l'un des plus significatifs de la période des Lumières espagnoles (Ilustración). Relier Ségovie à Santander au moyen de canaux de navigation qui serviraient également à irriguer les terres qui devaient être drainées dans la Lagune de la Nava et à planter des arbres qui embelliraient le paysage, était un rêve des Lumières. Le manque de ressources financières et le terrain difficile ont réduit ce rêve à un canal de navigation et d'irrigation long de 207 kilomètres avec ses trois branches : Nord, Campos et Sud.
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Ce n'est qu'au milieu du XVIIIe siècle que l'isolement séculaire de la région castillane a commencé à être surmonté. Les nouvelles routes, construites à l’initiative du marquis d’Ensenada, ne suffisaient pas à faciliter le transport de marchandises lourdes et de faible prix. Dans une région où les produits agricoles constituaient l’essentiel des exportations, l’alternative la plus efficace et la plus rentable ne pouvait être que le transport fluvial par des rivières et des canaux navigables. Ainsi, pendant plus d'un an, l'ingénieur français Charles Lemaur (Montmirail [Marne], 1721-Madrid, 1785) s'est consacré à explorer les rivières du bassin du Duero afin d'étudier cette possibilité sur le terrain. Lemaur conclut que non seulement il était possible d'ouvrir des canaux de navigation en Castille, mais que leur débit serait également suffisant pour être utilisé pour l'irrigation, ce qui bénéficierait considérablement aux régions les plus arides de la région, en particulier à Tierra de Campos.
Avec l'achèvement du bras de Campos, près d'un siècle après ses débuts, le canal de Castille acquiert sa configuration définitive. Avec son retour à l'État, on tente sans succès de revitaliser la navigation qui avait été anéantie par la création du chemin de fer et finalement abandonnée à la fin des années 1950. Cependant, l'irrigation a été considérablement augmentée grâce à la rénovation des écluses, à la construction de nouveaux canaux secondaires et à l'expansion des ressources en eau en régulant les ressources en eau avec des réservoirs en amont.
Ainsi, le Canal de Castille, cette utopie des Lumières d'une si grande importance géographique, économique, culturelle et paysagère dans la steppe céréalière castillane, est devenu un canal d'irrigation pour 34 000 hectares et pour l'approvisionnement en eau urbaine de 48 municipalités, dont Palencia et la moitié de Valladolid.
