Index
Suivante
Précédente
FÉVRIER 2018 • LIGNES • VERS LA VICTOIRE... • FÉVRIER 1918

 

FÉVRIER 1918
 

FÉVRIER 1918
 

“ LE PLAN XVII JOUE, LES CHEMINS DE FER ENTRENT DANS LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE ”
par Henri Girod-Eymery (*)

...

À 3h 30 [31 juillet 1914] de ce bel mais accablant après-midi, l'ordre de mise en route des troupes de couvertures est lancé ; une heure et demie après, il a été communiqué à tous les services des chemins de fer. Ainsi est déclenché d'abord le départ des unités de frontière avec leur effectif de paix sur leurs emplacements de résistance, ensuite l'appel des réservistes voisins vers les régiments qu'ils doivent compléter, enfin le transport immédiat par voie ferrée des divisions de cavalerie.

Sur le réseau de l'Est et une partie de celui du Nord, le trafic des marchandises est aussitôt interrompu, les quais d'embarquement sont débarrassés. Les inspecteurs principaux et les chefs de gare ouvrentles plis spéciaux portant les instructions à suivre. Les ordres reçoivent immédiatement leur exécution et les trains formés s'immobilisent le long des quais d'embarquement.

Les commandants d'unités, prévenus eux aussi par des plis spéciaux, trouvent à leur arrivée en gare le train qui doit les emporter. De leur côté, les officiers du 4e bureau de l'état-major de l'armée, qui sont chargés de diriger les transports, sont arrivés aux gares où ils doivent entrer en fonctions.

...

Les transports de couverture, commencés le 31 juillet à 9 heures du soir, sont terminés le 8 août à midi, jour de la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France. L'ordre de mobilisation générale avait pris date le 2 août. Sur le réseau de l'Est, les transports de couverture ont mis en marche 538 trains, tous partis et arrivés aux heures prévues. Le deuxième jour, se superposant puis succédant aux transports de couverture, ont commencé les transports de mobilisation.

...

 
 
 
 
 
Territoriaux gardant les voies
Territoriaux gardant les voies

Lu dans “ Le Temps ” du mercredi 18 décembre 1918 (**)

“ DU RÔLE MILITAIRE DES CHEMINS DE FER ”
par le Général de Lacroix

Le service militaire des chemins de fer aux armées relève de la direction générale des chemins de fer et des étapes, qui est un organe essentiel du grand quartier général.

Les transports de couverture, de mobilisation et de concentration sont préparés, dès le temps de paix. Ils exigent un effort considérable et doivent être étudiés et arrêtés avec un soin minutieux. C'est la tâche du 4e bureau de l'état-major de l'armée, et de la direction des différents réseaux. Après la concentration des armées, commence le travail intensif des différents organes du service des chemins de fer dans la zone des armées et à l'arrière, afin d'assurer la mise en œuvre des conceptions de manœuvre du haut commandement et la satisfaction des besoins multiples des armées en campagne : vivres, munitions, matériel de toute nature, évacuation des malades et des blessés, transport des prisonniers, courrier, etc. Je n'entrerai pas dans le détail du fonctionnement général des chemins de fer, ce qui dépasserait le cadre d'articles de journal, mais j'indiquerai l'effort immense qui a été demandé à la direction et au personnel d'exécution des transports pendant les quatre années de la plus formidable des guerres.

Les chemins de fer ont sur les opérations militaires une influence telle que cette parole du général Lamarque : « Il est possible que la vapeur amène un jour une révolution aussi complète que l'invention de la poudre à canon » s’est trouvée amplement justifiée. Il ne suffit pas d'avoir des effectifs nombreux il faut pouvoir aussi les porter à temps au point voulu. C'est le jeu des réserves, réalisé dans le temps et dans l'espace ; c'est l'action du haut commandement se faisant sentir durant tout le cours de la bataille ou des batailles. C'est la manœuvre dans son cerveau et dans sa main.

La guerre de 1859, en Italie, a été le point de départ de l'application des chemins de fer au service des armées ; mais leur emploi se borna au transport des troupes. Plus tard, pendant la guerre de Sécession, les Américains en firent un usage réglé et instituèrent un corps de chemins de fer. Les Allemands les imitèrent et surent tirer un parti très grand de leur organisation des chemins de fer pendant la guerre de 1866 et surtout dans celle de 1870-71. La guerre des Balkans n'a fait que confirmer l'expérience des guerres précédentes. Quant à celle qui vient de finir si glorieusement pour l'Entente, elle a porté le rendement des voies ferrées à leur maximum chez nos adversaires, comme dans les armées alliées.

Les chemins de fer sont devenus, dans la guerre moderne, un élément de première importance dont l'intervention passe en première ligne à partir du moment où la mobilisation a été décidée. Leur emploi s'étend jusqu'aux abords du champ de bataille et se manifeste dans tout le vaste domaine de la tactique et de la stratégie.

Le 2 août 1914, à minuit, le service de guerre fut, sur tous les réseaux français, substitué au service ordinaire, et de nouveaux horaires remplacèrent les anciens. Les transports de mobilisation, ayant pour objet d'assurer le départ de tous les mobilisés de leur résidence et de les diriger sur leurs dépôts, commencèrent immédiatement et ne se terminèrent que le 19 août. Du 2 au 5 août, le réseau d'Orléans mit en mouvement près de 1.500 trains et le réseau P.-L.-M. plus de 3.000 trains, pour assurer ce service.

Du 2 au 8 août, la Compagnie de l'Est eut, en dehors des transports de troupes qui lui incombaient, à évacuer 40.000 ouvriers étrangers qui étaient occupés aux mines de Briey et de Longwy, à l'extrême frontière, et ne pouvaient rester exposés aux conséquences des premières rencontres.

Les transports de concentration s'ouvrirent le 5 août, bien avant que les transports de mobilisation fussent terminés. Ils amenèrent les armées dans les zones qui leur avaient été assignées par le plan de concentration.

Un seul corps d'armée exige pour son transport 70 trains et 3.500 wagons. La masse à transporter se composait de 42 corps d'armée actifs ou de réserve. Ces chiffres donnent une idée de l'immensité de l'effort accompli par les chemins de fer du cinquième au vingtième jour de la mobilisation.

Sur le réseau du Nord, les transports de concentration exigèrent la mise en marche de 1.012 trains. dont 509 au départ des gares de la compagnie.

Le Midi eut à rassembler les trois corps du sud, c'est-à-dire ceux de Montpellier, de Toulouse et de Bordeaux, pour les acheminer vers le réseau de l'Est, par l'intermédiaire des réseaux de l'Ouest-État ou de Paris-Orléans.

Sur ce dernier, les transports de concentration nécessitèrent la mise en marche de près de 2.000 trains militaires, comprenant 57.000 voitures et emportant 600.000 hommes et 144.000 chevaux. La moyenne des marches fut de 135 par jour, les trains se succédant à environ 10 minutes d'intervalle.

L'Est concentra à l'extrême frontière les trois corps de Nancy, de Châlons et d'Épinal. Il eut en outre à amener à destination les corps du midi, du centre et de l'ouest. Il dut aussi assurer la circulation de plus de 4.000 trains militaires. Les journées les plus chargées furent celles des 9, 10 et 11 août 1914, avec une moyenne de 390 trains par jour. Sur certaines lignes, les trains durent se succéder à moins de 4 minutes d'intervalle et se suivre à moins de 2.000 mètres de distance. On juge, par ces données, de la conscience et de l’esprit de discipline et de dévouement du personnel du réseau de l'Est, à ce moment délicat de la concentration.

Sur le P.-L.-M., plus de 4.000 trains ont été mis en mouvement du cinquième au trentième jour de la mobilisation. Certaines gares régulatrices ont dû orienter jusqu'à 200 trains par jour, soit, en moyenne, aiguiller ces trains de huit en huit minutes. En effet, du 12 au 20 août 1914, elles ont eu, en dehors du service normal des corps métropolitains, à écouler en trois jours toutes les forces venues d' Algérie et de Tunisie, via Marseille, puis assurer, en sens inverse, de la métropole à Marseille, le transport des troupes territoriales allant au Maroc remplacer la division du général Gouraud.

Enfin les réseaux du Nord et de l’Ouest-État ont eu à amener dans le nord, entre Condé et Mons, les troupes britanniques, dont les débarquements commencèrent le 7 août. Du 12 au 20, 420 trains, soit une moyenne de 42 trains par jour, emmenèrent de Boulogne et de Saint-Nazaire vers leur destination sur le front, 260.000 hommes, avec tout le matériel qui les accompagnait, sans que l'achèvement de notre propre concentration en fût le moins du monde troublé.

Dans les articles qui suivront, je montrerai la continuation de l'effort et les difficultés vaincues.

FÉVRIER 1918
vendredi 1er
  • La dette nationale britannique sera, à la fin de 1918, de 150 milliards de francs, emprunts non compris.
  • Mutineries des marins austro-hongrois à Kotor (Cattaro).
samedi 9 La paix est signée à Brest-Litovsk entre l’Ukraine et les Empires centraux.
lundi 11 À Brest-Litovsk, la paix est signée entre la Russie et les Empires centraux. L’ordre de démobilisation de l’armée russe est donné.
mardi 12 Le roi George V et M. Orlando disent que l‘Angleterre et l’Italie doivent poursuivre la guerre avec toute leur vigueur.
jeudi 14
  • Bolo-Pacha est condamné à mort.
  • Joffre est élu à l’Académie française.
lundi 18 M. Lloyd George demande un commandement unique.
mardi 19 Lénine et Trotsky publient un manifeste prévenant que la Russie souscrit aux exigences de l’Allemagne.
mercredi 20 L’Armée rouge perd Kiev face aux Ukrainiens.
jeudi 21 Prise de Jéricho en Palestine par les Britanniques.
RÉFÉRENCES