Le chiffre total des expéditions par fer des mines lorraines ne représente que 46 % de leur production. Le trafic intérieur, en particulier, est très faible, bien que ce trafic comprenne un tonnage important (280 000 tonnes) expédié sur le port de Strasbourg pour être exporté en Allemagne. En effet, les minerais consommés par les usines lorraines elles-mêmes sont transportés soit par chemin de fer privé, soit par câble transporteur. Le trafic principal des minerais est constitué par les exportations en Allemagne et en Belgique. Les arrivages en trafic direct sont constitués par des minerais de Briey et des minerais de manganèse importés. Le trafic de transit est constitué par les minerais de Briey expédiés vers l’Allemagne ou la Belgique.
Le tonnage ─ 10 311 000 tonnes ─ comporte les envois en provenance des mines luxembourgeoises, soit, en 1935, 1 400 000 tonnes.
Produits métallurgiques (341 4000 tonnes). ─ Le Réseau A.-L. dessert 105 hauts fourneaux ─ 63 en Moselle, 19 en Meurthe-et-Moselle, 23 dans le Grand-Duché de Luxembourg ─ tous situés à proximité des mines de fer. La sidérurgie mosellane dispose de 63 hauts fourneaux sur 210 existant en France, de 29 convertisseurs sur 135 et de 9 fours Martin sur 77. Elle fournit 25 % de la production française de fonte et 30 % de la production d’acier. À côté des hauts fourneaux, les usines métallurgiques ont installé des usines annexes qui transforment la fonte brute en demi-produits, puis en rails ou en produits de grosse métallurgie.
Une partie des produits en provenance de la grosse métallurgie est utilisée par les usines transformatrices spécialisées. Citons en particulier, les usines de construction de la région de Mulhouse.
Engrais (1 933 000 tonnes). ─ Le trafic des engrais est essentiellement constitué par deux marchandises : les engrais potassiques et les scories de déphosphoration. Le Réseau A.-L. dessert les mines de potasse situées au nord de Mulhouse (Bollwiller, Richwiller, Ensisheim). En 1913, il n’avait été extrait du sol alsacien par les Allemands, qui, volontairement, restreignaient l’extraction au bénéfice de mines de l’intérieur de l’Allemagne, que 350 000 tonnes de sel brut. Après la guerre, l’exploitation des mines fut très activement poussée et le tonnage remis au chemin de fer, qui était de 260 000 tonnes en 1913, a été en croissant très rapidement ; après avoir atteint près de 2 millions de tonnes, il est tombé à 985 000 tonnes en 1935.
Les scories de déphosphoration représentent 620 000 tonnes pour 1935 (50 % en France, le reste exporté).
Le Réseau A.-L. transporte, en transit, des scories de Meurthe-et-Moselle et du Réseau luxembourgeois Prince-Henri (170 000 tonnes).
Les quatre groupes de marchandises qui viennent d’être examinées ─ combustibles minéraux, minerais, produits métallurgiques, engrais, représentent à eux seuls 78 % du tonnage P. V.
Pour les autres groupes, un examen moins détaillé est suffisant.
Produits du sous-sol. ─ En sus de ses richesses en houille, minerai de fer et engrais potassiques, le sous-sol du Réseau A.-L. contient des mines de sel et des mines de pétrole.
Les salines sont situées au sud du département de la Moselle (Château-Salins), dans le prolongement des salines de Meurthe-et-Moselle. Leur production est de 80 000 tonnes par an.
Les mines de pétrole (Pechelbronn) sont les seules mines françaises de pétrole en exploitation. Leur production ─ 80 000 tonnes environ par an ─ est modeste, et ne représente qu’une fraction infime du tonnage nécessaire à la consommation française. Mais elles mettent sous les yeux des ingénieurs français appelés à se rendre à l’étranger pour la mise en valeur des grands gisements pétrolifères un chantier bien organisé. Ces produits sont raffinés dans la raffinerie de Pechelbronn qui traite aussi des pétroles importés reçus par la voie du Rhin. Au total, le trafic des combustibles liquides de la région de Pechelbronn atteint 150 000 tonnes par an. Il y en a plus de 353 000 tonnes constituées par des combustibles liquides arrivant au port de Strasbourg, ou par des goudrons de houille.
Il existe, dans les Vosges, de nombreuses carrières de grès et quelques carrières de granit.
Les argiles sont à la base de deux industries très prospères : la briqueterie et la tuilerie.
Les matériaux durs des carrières vosgiennes conviennent parfaitement comme pierres à macadam ; ils sont utilisés, comme le laitier concassé, pour l’entretien des routes de la région, des régions limitrophes et aussi de la région parisienne.
Le sol des régions desservies par le Réseau A.-L. contient également des gisements de calcaires ou de calcaires argileux qui ont donné naissance aux industries de la chaux et du ciment.
Industries du bois. ─ Les Vosges sont couvertes de forêts, aussi l’industrie du bois est-elle très active dans les vallées des Vosges. Le commerce du bois en Alsace est très actif ; il s’étend aux bois importés d’Allemagne, d’Autriche, de Tchécoslovaquie et aux bois coloniaux. Une partie des transports de bois confiés au Réseau est constitué par les bois pour les mines (consommés en grande quantité dans les houillères lorraines). La présence de la forêt explique l’existence d’une importante industrie du papier et du carton.
Produits de l’agriculture. ─ Le sol est exclusivement riche et permet des cultures très variées.
Le Réseau a des transports de blé assez importants, provenant soit des céréales importées par le port de Strasbourg, soit des céréales en provenance des gros centres de production des autres départements français.
La pomme de terre est cultivée en abondance, mais donne peu de trafic.
On trouve également la culture des betteraves à sucre, ce qui explique la présence, à Erstein, d’une sucrerie travaillant, outre les betteraves du pays, les sucres bruts du Nord de la France.
Il faut mentionner la culture de la vigne bien qu’elle ne donne guère de transports au Réseau qui assure uniquement des transports de vin en wagons-réservoirs en provenance des régions de grand production, et il en est de même de la bière, car les brasseries ne remettent au chemin de fer que les transports effectuant d’assez longs parcours.
Industries diverses. ─ En première ligne vient l’industrie textile, une des principales richesses de l’Alsace, localisée dans les vallées des Vosges, de la vallée de la Doller à la vallée de la Bruche. Cette industrie ─ filature et tissage ─ porte, sur la laine et sur le coton. Les filatures d’Alsace travaillent annuellement de 30 000 à 40 000 tonnes de coton et de 10 000 à 15 000 tonnes de laine. Citons aussi des usines travaillant le jute ou la soie artificielle. Ces industries procurent au Réseau, outre les transports de matières premières qu’elles utilisent, le transport des produits finis qu’elles fabriquent.
Le textile alsacien a, par ailleurs, donné naissance à une industrie régionale de produits chimiques importante. Les premières usines de produits chimiques d’Alsace ont été créées pour répondre aux besoins en teinture des filatures et des tissages ; ultérieurement, ces usines ont trouvé dans la présence des sels de potasse la source de nouvelles préparations.
Comme autres industries particulières, citons :
Des tanneries aux environs de Strasbourg, à Lingolsheim, Barr, Ribeauvillé ;
Des verreries fabriquant de la verrerie de petites dimensions ;
Des poteries, des faïenceries (installées à Sarreguemines et à Niederwiller) ;
Une importante tonnellerie installée à Schiltigheim ; elle fabrique des fûts à bière, non seulement pour les brasseries régionales, mais pour les autres brasseries françaises et pour les brasseries étrangères.
Un groupe statistique accuse un tonnage relativement important, 702 000 tonnes : le groupe matériel d’entrepreneur. il comporte, en première ligne, les transports de voitures automobiles, mais qui n’expliquent pas son tonnage très important. Ce tonnage est justifié par la mise en compte, dans ce groupe, de tonnages représentant les wagons particuliers circulant à vide : le Réseau A.-L. est, en effet, sillonné par un nombre considérable (45 à 50 par jour) de trains complets de wagons particuliers chargés de combustibles, de minerais ou de potasse.
On trouve aussi des transports d’autres marchandises dont l’existence est intimement liée à l’existence sur le Réseau des mines de fer, de charbon ou de potasse. L’intensité du trafic sur le Réseau A.-L. est, en majeure partie, la conséquence de l’existence, en Lorraine, des mines de fer et des houillères, en Alsace, des mines de potasse et de l’industrie textile. En parlant de différents trafics, des courants de transport entrant ou sortant par le port de Strasbourg ont été signalés. Ce port a pour trafics essentiels :
À l’importation : les charbons, les hydrocarbures et les céréales ;
À l’exportation : les minerais de fer et les engrais potassiques.