JACQUES HITTORFF (1792-1867)

Avant-hier est mort à Paris M. Hittorf, membre de l'Institut, qui a attaché son nom à la construction d'un grand nombre d'édifices publics.

M. Hittorf (Jacques-Ignace), né à Cologne en 1793, avait été, dès sa jeunesse, destiné à l'architecture par son père. Venu en France à l'âge de dix-sept ans, pris en affection par son maître Percier, associé d'abord à quelques travaux de l’État, il fut, en 1814, nommé inspecteur des bâtiments royaux, puis architecte du roi. En cette qualité, il dut présider à plusieurs cérémonies officielles : funérailles du duc de Bourbon et du roi Louis XVIII, naissance et baptême du duc de Bordeaux, sacre de Charles X, etc.

La révolution de Juillet écarta pour quelque temps M. Hittorf des fonctions publiques, mais il redevint bientôt architecte du gouvernement et de la ville de Paris. Il construisit, de 1832 à 1842, l'église Saint-Vincent-de-Paul, décora la place de la Concorde, qu'il devait être appelé à remanier vingt ans plus tard, éleva successivement les deux Cirques des Champs-Elysées et du boulevard des Filles-du-Calvaire, dirigea les travaux du bois de Boulogne, traça le plan des abords de l'Arc de l’Étoile. C'est lui aussi qui a construit la malencontreuse mairie du 1^er arrondissement, mais il n'est pas responsable de cette bizarre conception, qui lui fut imposée.

M. Hittorf a publié deux ouvrages sur l’Architecture antique et moderne en Sicile, sur l’Architecture polychrome chez les Grecs, et a traduit de l'anglais les Antiquités inédites de l'Attique.

M. Hittorf, chevalier de la Légion d'honneur en 1825, puis officier et commandeur, avait été élu en 1853 membre de l'Académie des beaux-arts.

E. Lemoine.