“ DE GRENOBLE À DIGNE EN MICHELINE ”
par M. PORTAL, Ingénieur de Traction à Chambéry
Article paru dans LE BULLETIN PLM n° 42 de novembre 1935
“ Du 1er juillet 1935 au 20 septembre dernier, un autorail sur pneumatiques, dit « Micheline », a circulé journellement entre Grenoble et Digne et vice versa, assurant à Digne une correspondance avec un autorail des Chemins de Fer de Provence, de telle sorte que le parcours Grenoble-Nice s'effectue par un itinéraire jusqu'ici à peu près impraticable en chemin de fer.
Les deux autorails récemment acquis pour ce service comportent 56 places assises et peuvent transporter 840 kg de bagages.
Leur châssis, en acier spécial soudé et rivé, repose sur 2 bogies par l'intermédiaire de patins de glissement ; il est accouplé aux deux pivots de bogie. des semelles de caoutchouc sont interposées entre chaque patin et le châssis de bogie, et les axes de pivots sont montés sur silentblocs.
Les bogies comportent chacun 4 essieux ; toutes les roues sont montées sur pneumatiques gonflés à 6,5 kg.
Seul, le bogie avant est moteur. Il comporte un pont sur le 3e essieu, qui commande par chaînes les 2e et 4e essieux.
L'appareil moteur est constitué par un moteur Hispano-Suiza, 12 cylindres en V de 100 mm d'alésage et 120 mm de course, dont la puissance atteint 250 CV à la vitesse de 3 000 tours/mn.
Ces Michelines sont équipées avec le frein Westinghouse-Lockheed, qui agit sur les essieux 1, 2, 3, 4, 5, 8, tandis qu'une pompe Lockheed, manœuvrée directement par le conducteur, freine sur les essieux 6 et 7.
La carrosserie est entièrement constituée par des panneaux démontables en tôle d'aluminium.
Le poids à vide de ces autorails, avec approvisionnement complet, est de 9,945 t. Leur longueur de 17,370 m.
Ils peuvent atteindre une vitesse maximum de 105km/h ; au cours des essais, celle de 90 km a été atteinte en palier en 70 secondes, et celle de 70 km l'a été en 84 secondes en rampe de 25 mm. D'autre part, la puissance de freinage est telle qu'en pente de 25 mm, à la vitesse de 70 km/h, l'arrêt a pu être obtenu en 7 secondes sur une distance de 80 m.
Ces autorails sont donc particulièrement aptes à assurer les relations rapides sur des lignes accidentées ; d'autre part, le confort que procurent les bandages pneumatiques et la grande visibilité dont jouissent les voyageurs, permettent aux Michelines de répondre en tous points aux exigences d'un service touristique.
C'est en raison de ces particularités que ce type d'autorail a été choisi pour assurer le service P.L.M. Grenoble-Digne.
Cette initiative s'est d'ailleurs révélée des plus heureuses, car la relation nouvelle a été, dès le début, fréquentée par de nombreux voyageurs.
Le voyage de Grenoble à Digne en Micheline permet en effet, dans des conditions de confort remarquables, d'admirer quelques-uns des plus beaux panoramas alpestres. De Grenoble au col de Lus-la-Croix-Haute, les points de vue les plus pittoresques et les plus majestueux se succèdent sans interruption.
C'est d'abord la vallée du Drac que la ligne remonte dans des conditions parfois impressionnantes. Puis le regard est charmé par les divers sommets et massifs du Vercors, du Dévoluy et du Pelvoux (Pic de l'Obiou, Mont-Aiguille, Barre-des-Écrins, etc...).
Après le col de Lus-la-Croix-Haute, — 1 165 m, point culminant de la ligne —, le paysage change de caractère, mais n'en reste pas moins attrayant.
La ligne suit la vallée du Grancd-Buëch jusqu'à son confluent avec la Durance, peu avant Sisteron, puis celle de la Durance jusqu'à Saint-Auban, et enfin celle de La Bléone jusqu'à Digne. Mais depuis Veynes, la Provence s'annonce par l'aspect si différent de ses montagnes.
Le voyageur désire-t-il enfin atteindre Nice dans la journée ? Il peut, grâce à l'autorail des Chemins de Fer de Provence et après avoir déjeuné à Digne, y arriver à 17 h 30.
Parti de Grenoble à 7 h 50, il a ainsi effectué dans la journée un voyage que, seul, l'autorail pouvait permettre.
Cette nouvelle relation doit être classée en bon rang parmi les nombreuses améliorations apportées depuis quelques années, par le P.L.M., à son service-voyageurs et il n'est pas douteux qu'elle ne soit appréciée davantage encore, en 1936, par les nombreux touristes qu'attireront la grandeur et le pittoresque des paysages traversés. ”
LE BULLETIN PLM - N° 42 - NOVEMBRE 1935 |
La Micheline au col de Lus-la-Croix-Haute |
> Le Temps ” du Lundi 1er juillet 1935 (*)
CHEMINS DE FER DE PARIS A LYON ET À LA MÉDITERRANÉE
Autorail de Grenoble à Nice
Un autorail circule de Grenoble à Nice par Digne et Puget-Théniers du 1er juillet au 20 septembre : Grenoble, dép. 7 h. 50 ; Digne, arr. 12 h. 5 ; dép. 14 h.; Nice, arr. 17 h. 32. Nice. dép. 8 h. ; Digne, arr. 11 h. 30 ; dép. 12 h. 46 ; Grenoble, arr. 17 h. 5.
Cinquante-six places de 3e classe avec supplément de 5 francs de Grenoble à Veynes et de Veynes à Digne.
Faites ce voyage d'un vif attrait. Du pays des neiges, des rocs et des glaciers à la douce et lumineuse Provence, au ciel clair, à la mer bleue, la voie déroule son ruban en contours hardis le long des vallées à travers des gorges profondes. Parcours touristique par excellence, véritable route ferrée des Alpes qui s'ajoute aux routes automobiles des Alpes que suivent les cars P.-L.-M.
> “ Le Temps ” du Lundi 2 septembre 1935
CHEMINS DE FER DE PARIS A LYON ET À LA MÉDITERRANÉE
LA ROUTE FERRÉE DES ALPES
Grenoble-Nice en autorail
Les promenades et les excursions sont les plus beaux souvenirs de vos vacances. Aussi ne laissez pas échapper celles qui se présentent à vous sous une forme originale et pittoresque.
De Grenoble à Nice par Digne et Puget-Théniers, vous ferez en Micheline un voyage d'un vif attrait. La route ferrée des Alpes se déroule splendide en contours hardis pour vous conduire le long des rocs, des glaciers, des pins alpestres, des oliviers argentés de la douce Provence aux bords de la mer bleue.
Ce service fonctionne tous les Jours jusqu'au 20 septembre dans l'horaire suivant : Grenoble, dép. 7 h. 50 ; Digne, arr. 12 h. 5 ; dép. 14 h.; Nice, arr. 17 h. 32. Nice. dép. 8 h. ; Digne, arr. 11 h. 30 ; dép. 12 h. 46 ; Grenoble, arr. 17 h. 5.
Cinquante-six places de 3e classe avec supplément de 10 francs de Grenoble à Digne, de 5 francs pour chaque parcours Grenoble-Veynes et Veynes-Digne.